L’agroécologie, l’avenir audacieux de l’agriculture en Afrique

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Agriculture durable

Dans "L’agroécologie, l’avenir audacieux de l’agriculture en Afrique" (Agroecology, the Bold Future of Farming in Africa) Afsa et Toam offrent un panorama d’initiatives agroécologiques ainsi que des recommandations pour réussir la transition vers des systèmes agricoles locaux et durables.

L’agroécologie: un nouveau nom pour des pratiques ancestrales?

Pas seulement. L’agroécologie est aussi  porteuse d’une vision politique  de souveraineté alimentaire. Des systèmes semenciers aux circuits de commercialisation, en passant par la nutrition, l’agroécologie se détache de la seule production pour prendre en compte les contextes socio-économiques.

L’agroécologie promeut la diversification des systèmes agroalimentaires et souligne les effets positifs de la biodiversité. Alors que l’agriculture conventionnelle cherche à simplifier, l’agroécologie embrasse la complexité. Là où l’agriculture conventionnelle cherche à l’éliminer, l’agroécologie se construit sur la diversité. Là où l’agriculture conventionnelle pollue et dégrade, l’agroécologie régénère et restore, en travaillant avec la nature et pas contre elle.

De multiples points d’entrée : de la pratique au changement social

L’agroécologie promeut les héritages culturels locaux et valorise ainsi le patrimoine africain. Ce faisant elle réhabilite des savoirs et renforce les liens communautaires et  la résilience locale.

En participant d’une revalorisation du métier de paysan, notamment auprès des jeunes, l’agroécologie met sur la table la question de l’emploi, et de la possibilité pour les ruraux de vivre dignement de leur terre. Elle met donc aussi le doigt sur l’importance de l’accès au foncier et des droits des paysans.

Pour les consommateurs, l’agroécologie permet la mise en marché de produits sains, plus attractifs et plus compétitifs, tout en portant une volonté de juste rémunération de tous les acteurs des filières.

Des recommandations

Il est urgent de passer d’une forme d’agriculture spécialisée et industrielle à des systèmes agroécologiques diversifiés.

Pour les politiques :

  • Réorienter  les subventions publiques au profit de l’agroécologie ;
  • Concevoir des politiques alimentaires holistiques (nurition, environnement, etc.).
  • Utiliser les politiques d’achats institutionnels pour soutenir la transition agroécologique ;
  • Utiliser l’agroécologie pour atteindre les Objectifs de Développement Durable.

Sur les systèmes alimentaires :

  • Permettre aux paysans de comprendre l’économie politique des systèmes alimentaires ;
  • Renforcer les OP qui agissent pour la transition agroécologique ;
  • Appuyer les savoirs et compétences des paysans, en particulier des femmes et des jeunes, dans le management de petites exploitations et de marketing ;
  • Renforcer les marchés locaux et les circuits de commercialisation des produits locaux et s’assurer que les paysans y aient un accès sans restriction ;
  • Raccourcir la chaine alimentaire pour permettre aux producteurs et aux consommateurs de bénéficier au maximum d’une interaction directe ;
  • Stimuler les entreprises communautaires et locales et les aider à prospérer dans la transition vers un nouveau système.

Pour la recherche :

  • Soutenir la recherche agroécologique en relation avec les paysans ;
  • Déplacer le focus sur les rendements et la productivité pour adopter des indicateurs agroécologiques holistiques tels que la valeur nutritionnelle, la biodiversité de l’écosystème, la résilience face au changement climatique…
  • Développer des technologies agricoles adaptées à une innovation à petite échelle, qui permettent d’utiliser les ressources locales de manière durable, qui respectent  les cultures locales, peu intensives en travail, et dont l’impact carbone est faible ;

Sur les semences :

  • Renforcer et développer les systèmes semenciers paysans ;
  • Préserver les semences en danger et améliorer les variétés paysannes  (sélection végétale participative)
  • Sécuriser les droits des paysans de garder, de partager et de vendre librement les semences, et les protéger des intérêts du secteur privé.

Sur les savoirs paysans :

  • Reconstruire l’héritage culturel des peuples africains ;
  • Consigner et reconnaitre les savoirs indigènes dans toutes les plateformes d’apprentissage ;
  • Renforcer les échanges d’apprentissage de paysan à paysan ;
  • Faire de l’agroécologie la base des services de développement agricole ;
  • Introduire l’agroécologie et la nutrition dans les cursus à tous les niveaux d’éducation.

Pour la sensibilisation des consommateurs :

  • Sensibiliser largement les consommateurs sur les bénéfices de l’agroécologie ;
  • Promouvoir la collaboration entre les responsables politiques, les OP et les associations de consommateurs.