La déloyale concurrence du riz d'Asie
L’évolution des habitudes alimentaires en Afrique de l’Ouest est marquée depuis trente ans par une hausse constante de la consommation de céréales importées à bas coût, en particulier du blé et du riz. Alors que l’Union européenne s’inquiétait en 2022 d’une crise alimentaire sur le continent, la dépendance de l’Afrique aux céréales importées est en réalité plus contrastée.
« Dire qu’il y a une famine chez nous par manque de céréales est une contrevérité », déclare Ibrahima Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest. « La plupart des Subsahariens se nourrissent encore de céréales locales comme le mil et le sorgho, mais aussi d’autres denrées comme le manioc ou la banane plantain », rappelle ce dernier. L’Afrique de l’Ouest a, de fait, été peu touchée par la flambée du cours du blé, à l’exception de la Mauritanie et des zones urbaines du Sénégal.
Des importations qui influent sur les comportements alimentaires
Les habitudes alimentaires, notamment dans les villes, ont toutefois subi d’importantes mutations au cours des dernières décennies. Le rapport d’activité de l’organisation Grdr, Migration - Citoyenneté - Développement, rappelle que globalement « 27 % de la consommation des céréales en Afrique de l’Ouest est assurée par les importations », avec de grandes disparités selon les zones . Kayes, située sur l’axe commercial Dakar-Bamako, est un bon exemple de ville dans laquelle les habitudes alimentaires ont été modifiées par les importations. Le Grdr y a mené une étude en 2019 : tous les ménages, tous revenus confondus, consomment du riz régulièrement et « pour les ménages les plus pauvres, il s’agit essentiellement de brisure asiatique toujours moins chère que le riz Gambiaka, pourtant cultivé au Mali et réputé pour sa qualité. Les pâtes alimentaires sont aussi très appréciées pour leur rapidité de préparation : 61 % des ménages les ont intégrées régulièrement à leurs repas. Les céréales dites traditionnelles (maïs, mil, sorgho), plus chères et demandant une longue préparation, sont devenues l’apanage des ménages les plus aisés. » [...] Voir l'article complet
Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao.