le baromètre 2019 des agricultures familiales
Le baromètre des agricultures familiales vise à comprendre et décrypter les enjeux d’actualité auxquels celles-ci sont confrontées et les solutions qu’elles proposent.
Introduction : pour une agriculture d’avenir
La faim continue de toucher une personne sur neuf dans le monde. De nombreuses familles paysannes sont prises dans des cercles vicieux de pauvreté et les dégradations environnementales augmentent leur vulnérabilité. Face à cela, de nouvelles stratégies agricoles occupent le terrain de l’espace public international. Loin d’être acteurs en fin de parcours, les agricultures familiales font partie inhérente d’un réel développement durable.
La digitalisation de l’agriculture, une révolution ?
La transformation digitale de l’agriculture est bien en cours, et reçoit nombreux soutiens politiques et financiers pour promettre d’optimiser la production agricole. Si elle offre des opportunités intéressantes pour l’agriculture familiale et l’évolution des systèmes alimentaires, elle omet de questionner les rapports de force de ce système, ce qui la condamne à les reproduire et renforcer. Cette digitalisation présente des risques : augmentation des inégalités entre agriculteurs, dépendance accrue aux intrants digitaux, schémas d’innovation verticale,… Cela questionne sur la légitimité de l’usage des fonds publics pour le développement dans des solutions techniques alors même qu’une part importante des 475 millions de petites exploitations produisant notre alimentation, l’accès à la terre, à l’eau, ou à des outils agricoles basiques reste problématique.
Le rôle des jeunes dans les agricultures familiales
Comment valoriser le statut d’agriculteur et comment promouvoir ce statut auprès des jeunes ? La narration au sein de la communauté internationale et les institutions d’aide au développement ont tendance à se baser sur une vision simplifiée de la jeunesse, à travers des discours homogénéisant qui oublient la diversité des aspirations, des contextes locaux et sociaux, et des aptitudes de ces personnes. Alors que la communauté internationale mise sur la technologie pour attirer les jeunes, elle omet que c’est d’abord en s’appuyant sur les savoirs des agriculteurs et agricultrices et en les valorisant, que les générations à venir retrouveront le désir de s’investir dans le secteur agricole.
Pour une assiette durable, qui soutienne les agricultures familiales
La transition alimentaire devrait permettre, par la modification de nos régimes, une évolution du système alimentaire vers un modèle plus durable. Cet article s’appuie de l’analyse de trois études (Afterres, WWF, EAT), qui cherchent à définir ce que serait un « régime alimentaire idéal ». Une tendance commune se dégage : la diminution des produits d’origine animale et l’augmentation de la consommation de légumes, céréales et légumineuses. Le lien entre alimentation, santé et environnement est de plus en plus établi. En outre, des régimes sains, diversifiés et respectueux de l’environnement peuvent aider à rémunérer les agriculteurs et agricultrices au Nord comme au Sud. Si le choix des consommateurs importe, des outils politiques peuvent aider à les orienter et soutenir les communautés locales. La meilleure approche serait sans doute de faire de la politique alimentaire une priorité transversale, dont les objectifs nutritionnels, environnementaux et sociaux s’imposent à tous les niveaux du système alimentaire, et s’inscrivent dans toutes les politiques publiques : de l’agriculture à la santé, en passant par le climat et le commerce.
Reconnecter les campagnes aux villes intermédiaires
La population mondiale est de plus en plus urbaine et habite pour 20% dans des villes intermédiaires. Renforcer les liens entre les zones rurales et ville intermédiaires permettrait aux systèmes alimentaires territorialisés d’être plus résilients, plus durables, et valoriser les productions des agricultures familiales. Ces villes sont des lieux stratégiques car facilitent les interactions entre acteurs ruraux et acteurs urbains, permettant de simplifier le système d’échange de services et de produits. Consolider un système qui relirait plus efficacement les villes intermédiaires entre elles pourrait aussi désencombrer les grandes villes principales et avoir un effet sur la pression démographique.