Le coût de la politique agricole israëlienne
L'Etat hébreu est devenu une référence en termes de production en milieux semi-arides ou désertiques. Derrière les honneurs de la performance agronomique se cachent des coûts environnementaux et sociaux croissants.
Photo ci-contre : Israël exporte du coton dont la culture intensive est très gourmande en eau et en intrants.
L'agriculture occupe une place symbolique forte dans le projet sioniste. Dès 1948, le nouvel État hébreu entreprend de cultiver et d’habiter le désert du Néguev (40 % de la surface du pays), afin « d’absorber » l’arrivée de la diaspora juive appelée à rejoindre Israël. Pour « faire fleurir le désert » les moyens sont mis à la hauteur du projet politique : infrastructures agricoles, construction de réservoirs d’eau, réseau d’acheminement de l’eau, recherche et développement, subventions… De fait, Israël obtient des résultats remarquables en termes de fertilité, d’irrigation (goutte à goutte, imagerie satellite…), de sélection génétique (plantes résistant à la salinité de l’eau…), de suivi automatisé de la production et se félicite de « tirer le maximum de chaque hectare de terre et de chaque litre d’eau ». Mais pour quel usage et avec quelles conséquences ?
Stress hydrique et contexte géopolitique tendu
La disponibilité en eau est un enjeu très préoccupant dans une région située largement en-deçà du seuil de stress hydrique. La consommation en eau est supérieure aux ressources renouvelables disponibles et la surexploitation des nappes souterraines entraîne leur salinisation, par intrusion d’eau de mer notamment. C’est le cas à Gaza où l’eau de la nappe devient peu à peu impropre à la consommation humaine. À cela s’ajoute un contexte géopolitique difficile, puisque, jusqu’en 2000, les deux tiers de l’eau utilisée en Israël proviennent d’hors des frontières de 1949. À sa création, l’État d’Israël était largement dépendant des importations d’eau voisine et a rapidement cherché à sécuriser son approvisionnement. La stratégie d’expansion de l’État, notamment la Guerre des Six jours en 1967 et l’implantation de colonies dans des zones hydrologiques stratégiques, lui permet de contrôler la quasi-totalité des ressources en eau de la région. À l’heure où la consommation moyenne d’un Palestinien est de 70 litres d’eau par jour contre 260 litres pour un Israélien, la répartition de l’eau reste largement inégalitaire dans la région.
L’empreinte d’un modèle de développement
60% de la consommation d’eau est destinée à l’agriculture pour un secteur qui ne représente plus que 2 % du PIB. Malgré cela et même si la consommation « domestique » (en partie liée au mode de vie occidental […] Consultez l’article complet
Article issu du numéro de mai 2013 de Transrural Initiatives