Les agricultures familiales du monde
Dans la perspective de l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale, le CIRAD a été mandaté pour analyser les contributions économiques, sociales et environnementales des agricultures familiales. Il existe une controverse récurrente sur la capacité de l’agriculture familiale (le plus souvent qualifiée de petite agriculture, de petits producteurs) à contribuer efficacement aux enjeux de sécurité alimentaire. Ce débat concerne très directement les modèles de développement agricole.
Les agricultures familiales devront continuer à jouer un rôle majeur en termes d’emploi
Ce sont les actifs familiaux qui fournissent l’essentiel de la force de travail agricole mondiale (40 % de la population mondiale vit de l’agriculture, soit 2,6 milliards de personnes dont 1,3 milliards d’actifs). Malgré une information partielle, les ordres de grandeur ne sont pas contestables. Les agricultures familiales représentent l’écrasante majorité (500 millions d’exploitations agricoles). Ce sont les agricultures familiales qui créent le plus d’emplois et qui ont absorbé l’essentiel des 350 millions de nouveaux actifs agricoles des 30 dernières années.
Les exploitations à grande échelle (au-delà des 50 ha) avec recours au travail salarié représentent seulement 1 % des exploitations et n’emploient que quelques millions de personnes.
Les agricultures familiales centrales dans la lutte contre la faim
Les personnes sous-alimentées sont à 80 % des ruraux et à 72 % des personnes vivant de l’agriculture. Dans la plupart des cas, la faim n’est pas le résultat d’une insuffisance de production, mais plutôt de conditions inégales pour l’accès à la terre et aux autres ressources naturelles
De plus, une des caractéristiques principale des exploitations familiales dans les pays en développement réside dans les stratégies développées pour s’assurer la sécurité alimentaire du groupe familial (affectation des facteurs de production, choix des cultures et des pratiques,…)
Les agricultures familiales alimentent les villes
En Afrique, les exploitations familiales représentent près de 80 % des exploitations avec moins de 2 hectares comme superficie agricole moyenne et un équipement rudimentaire, manuel le plus souvent. Malgré un niveau élevé d’importations agricoles, ces agricultures familiales ont été capables de contribuer de manière significative à l’alimentation des villes à la fois sur les produits vivriers de base (céréales et tubercules) mais aussi sur les produits de diversification alimentaire comme les légumes, le lait, les fruits et les oléagineux.
L'étude se poursuit par l'examen des politiques agricoles qui peinent à s’ouvrir aux questions environnementales et sociales. Les instruments restent tournés vers des logiques d’offre, qui négligent le caractère familial des exploitations. Ils ont pour finalité la transformation des formes familiales de production vers des formes entrepreneuriales et donc, implicitement, la disparition de l’agriculture familiale.
Les auteurs plaident donc pour un élargissement des politiques agricoles à des politiques rurales, valorisant toutes les fonctions et dimensions de l’agriculture familiale.
Creuser le sujet :
- Voir la première version de l'étude (2013) comprenant les études pays : Afrique du Sud, Brésil, Cuba, France, Inde, Mali, Maroc, Mexique, Viet Nam.
- Etude, L'Afrique : quelles stratégies de sécurité alimentaire ? Enjeux et prospective, 2012
- Etude, Rapport FAO 2012 : replacer les agriculteurs au coeur de la stratégie de lutte contre la faim !, 2012