Les circuits courts 2.0
De plus en plus de sites internet permettent de commander auprès de producteurs locaux qui, pour certains, se sont organisés et développent leur propre solution.
A l’heure du développement global des ventes sur internet, qu’en est-il des produits agricoles ? L’alimentation et les produits de grande consommation représenteraient 24 % des produits achetés en ligne en 2014, selon la Fédération ecommerce et vente à distance (Fevad). 8 % des Français auraient déjà acheté sur internet des produits alimentaires directement à des producteurs et 26 % envisageraient de le faire. La marge de développement est donc importante. Pour répondre à cette demande croissante, plusieurs possibilités s’offrent aux internautes : des sites - majoritairement des entreprises - qui servent d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs, comme La Ruche qui dit oui !, et des collectifs de producteurs d’un territoire, souvent organisés en associations ou coopératives, qui ont leur propre site. On peut également trouver des sites institutionnels permettant aux collectivités de s’approvisionner en produits locaux comme Agrilocal (cf. TRI n°450).
Produits bio et locaux
Internet donne un nouveau souffle à la vente directe et participe à l’émergence de nouvelles pratiques d’organisation collective. Les attentes des consommateurs via le web seraient toutefois plus élevées que celles des consommateurs des commerces habituels ; selon la Fevad, parmi les trois plus importantes, on trouve la disponibilité des produits, l’historique des commandes et la possibilité d’avoir un catalogue personnalisable.
Sur les sites créés par des groupements de producteurs d’un même territoire, les notions de proximité et de qualité des produits sont particulièrement mises en avant. Généralement les producteurs proposent chacun des produits différents pour une gamme plus complète. Pour Sandrine Hignet, chevrière dans le Morbihan sur la Ferme de l’Hotié, « internet est un outil clé aujourd’hui et correspond aux attentes de consommateurs pressés et n’ayant pas envie de courir dans différents lieux pour faire leurs courses ». Elle a commencé la vente directe sur les marchés et les épiceries avant de rejoindre, en plus, l’association Clic ta berouette, créée en 2014, qui réunit dans la commercialisation via un site internet, des producteurs en agriculture biologique du pays de Ploërmel. Le site compte une centaine de produits différents issus de la production bio et locale (producteurs et consommateurs sont dans un rayon d’environ 30 km).
Faciliter l’entraide entre producteurs
Un des objectifs de l’association est de « permettre aux producteurs de créer du lien entre eux pour valoriser et dé-velopper la bio et au consommateur de commander ce qu’il veut en bio ».
Cette plateforme facilite également « une entraide entre producteurs pour la vente de leurs produits ». Elle attire de nouveaux clients, en général en recherche de gain de temps et d’une alimentation de qualité et permet de fidéliser ceux des marchés, qui y complètent leurs achats. Selon Sandrine Hignet, ce mode de commercialisation « n’offre pour le moment que des avantages ». Il génère plus de réunions entre producteurs pour son organisation mais moins de travail individuel pour développer le réseau de clients. Enfin, les consommateurs choisissent lors de la validation de leur commande dans quelle ferme ils souhaitent récupérer leurs achats, l’occasion de rencontrer les producteurs, même si tous les clients ne sont pas motivés pour discuter et découvrir le métier et la vie de la ferme. Pour autant, les paysans mettent un point d’honneur à être disponibles pour ceux qui veulent échanger.
Article de Marie Herrault paru dans le numéro 452 de Transrural Initiatives - Janvier / février 2016