Maraîchage périurbain : Sekongo Soungari nous parle d'un projet en pays senoufo
Soungari Sekongo est coordonateur pour l'ONG ivoirienne Chigata qui appuie des organisations de maraîchers dans le nord de la Côte d'Ivoire. Dans le cadre du projet de Promotion d'une agriculture familiale périurbaine à Korhogo (PAFPIK), Chigata et son partenaire français, Rongead, entendent créer des synergies fortes entre agriculture périurbaine, scolarisation des enfants et gestion des déchets.
Photo : Soungari Sekongo sur le site de Klokakaha
Pourquoi avoir décidé de travailler sur la valorisation des déchets de la ville de Korhogo ?
Suite à un projet mené par l'ONG Care, environ 200 femmes dispersées dans toute ville participent à des comités chargés de collecter les déchets. Elles revendent les déchets recyclables comme les bouteilles et l'aluminium. L'activité des femmes est rentable et elles ont diversifiés leurs activités. En revanche, les produits organiques sont encore aujourd'hui envoyées dans la décharge de la ville. Si les déchets alimentaires étaient correctement séparés, nous pourrions envoyer du compost dans les exploitations maraîchères avoisinantes et produire du biogaz pour les cantines scolaires. Le reliquat organique issu de la méthanisation est donné aux mères d'élèves qui sont aussi maraîchères et approvisionnent les cantines en légumes, c'est un système donnant-donnant.
Photo : remise de légumes à l'école primaire de Kombodougou
Quelle part de la production maraîchère est donnée aux écoles ?
Les femmes maraîchères apportent environ le tiers de leur production aux écoles. Le deuxième tiers est gardé pour l’autoconsommation, et le troisième tiers est destiné à la commercialisation. Celle-ci est nécessaire pour permettre aux maraîchères de reconstituer les facteurs de production, et notamment d’acheter les semences.
La production maraîchère vient donc en complément du riz et d’autres aliments que l’école doit acheter. Même si l'apport des producteurs locaux n’est pas suffisant pour approvisionner intégralement la cantine, nous savons que cette contribution est importante. Quand les cantines scolaires fonctionnent, presque tous les enfants y vont.
A quels défis sont confrontés les femmes maraîchères ?
Le conditionnement et la conservation sont des questions cruciales. Les produits étant rapidement périssables, elles perdent leur pouvoir de négociation et doivent vendre à n'importe quel prix. Nous travaillons à augmenter la capacité de stockage de l'oignon, pour arriver à 6 mois de conservation au lieu de 1 mois actuellement. Nous faisons également cela avec le piment.
Ces problèmes de conservation sont pour un part responsable de l'instabilité des prix qui constitue un facteur de vulnérabilité pour les femmes maraîchères.
Propos recueillis le 11 septembre 2012 par Mathilde Leclerc (CFSI). Photos © Chigata
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- Témoignage, Quel accès aux marchés pour les produits maraîchers ? Pierre Cuche nous parle d'un projet dans le nord du Burkina Faso, 2013