Au Sénégal : des microentreprises rurales pour valoriser les produits locaux
Moustapha Ka est le coordinateur de la cellule de l’ONG Grdr Migration – Citoyenneté – Développement à Bakel, à la frontière sénégalo-mauritanienne. Dans cette zone, le Grdr et l’association Goundeyni souhaitent consolider les acquis des microentreprises rurales pour renforcer la compétitivité des produits locaux sur les marchés urbains.
Quel bilan dressez-vous de votre expérience avec les microentreprises rurales ?
Cette expérience est positive. Avant le projet, les groupements de femmes étaient peu structurés et manquaient d’expérience en matière de transformation des produits locaux. Malgré le désir des femmes de travailler pour assurer leur subsistance, il existait peu d’organisation, de partenariats, de compétences techniques, etc. C’est ce contexte que nous avons saisi pour les accompagner vers l’émergence des microentreprises rurales (MER), en fonction de leurs compétences respectives.
Les transformatrices ont effectué des voyages d’échanges vers les pays transfrontaliers (Mali, Mauritanie), à la suite desquels elles ont décidé de travailler sur des produits dérivés, entre autres ceux du pain de singe. Grâce à l’accompagnement du Grdr, les MER créées sont toujours fonctionnelles et se sont mises en réseau.
En outre, à ce jour, les projets étatiques de développement économique local s’appuient sur le modèle des MER.
Sur quelles filières les MER sont-elles positionnées ?
Nous accompagnons les MER sur la transformation des céréales (mil, sorgho, maïs), du lait, des produits forestiers non ligneux (jujube, pain de singe). Notre appui est également à destination des celles qui pratiquent le maraîchage (gombo, tomate, niébé, patate, aubergine, pastèque) dont une partie est vendue directement et l’autre transformée.
Comment se déroule l’accompagnement des MER ?
L’approche du Grdr est d’identifier les forces et faiblesses de chacun des territoires d’intervention, ainsi que les différents acteurs et les activités économiques. Ensuite nous passons à la prise en charge des acteurs selon leurs besoins spécifiques. Pour mobiliser des ressources, les MER disposent de cotisations de leurs membres, de l’appui de la collectivité locale ou des migrants. Pour notre part, nous les aidons à participer à des appels à projets tel que celui du programme Pafao. Lors du projet, nous leur venons en appui sur le plan organisationnel, sur le renforcement des capacités, sur les aspects d’équipements pour la pratique de l’activité.
Pour le suivi-accompagnement lors de la conduite de l’activité, nous mettons des techniciens à la disposition des MER pour leur apprendre les techniques maraichères adaptées. Nous essayons aussi de les rendre autonomes afin que l’activité perdure une fois le projet terminé. [...]
Propos recueillis en février 2017 et juillet 2018 par Marie Cosquer et Murielle N’dah (CFSI)