Systèmes alimentaires territorialisés et agroécologie
Les systèmes alimentaires territorialisés se multiplient en Afrique de l’Ouest. L’agroécologie est au cœur de ces projets centrés sur l’agriculture familiale et qui s’emparent des défis relatifs à l’augmentation de la valeur ajoutée ou au renforcement des filières. Analyse à travers quelques exemples au Sénégal.
L e système alimentaire est un concept qui n’est pas récent. En 1994, Louis Malassis, grand spécialiste de l’économie rurale, le définissait comme « la façon dont les hommes s’organisent dans l’espace et dans le temps pour obtenir et consommer leur nourriture ». Progressivement le modèle dominant agro-industriel a construit un système alimentaire mondialisé qui se caractérise par un processus de concentration et de financiarisation croissantes. Ce modèle a apporté aux consommateurs des avantages quant à la facilité d’accès, au coût et à la standardisation des produits. Mais sa logique répond essentiellement à des critères de rentabilité des investissements, au détriment des considérations d’ordre social, environnemental, nutritionnel et même sanitaire (impact avéré sur la santé).
Des systèmes alimentaires inscrits dans la durabilité
Comme l’analyse l’agronome Jean-Louis Rastoin, les systèmes alimentaires territorialisés « constituent une forme émergente alternative au modèle dominant agro-industriel, inspirée par un objectif de réduction des externalités négatives et de valorisation des impacts sociaux, environnementaux et économiques positifs ». Ces systèmes sont caractérisés par les acteurs mobilisés et par l’échelle concernée. « [Ils] sont fondés sur des initiatives innovantes, généralement issues de producteurs, consommateurs et mouvements associatifs, accompagnées voire encouragées par des politiques publiques le plus souvent territoriales (villes ou régions), parfois nationales. » Au Sénégal, comme un peu partout en Afrique de l’Ouest, les acteurs installent à différentes échelles territoriales une nouvelle gouvernance alimentaire reposant sur des modalités éthiques, participatives. Leur objectif est de valoriser un territoire grâce à l’agroécologie et à une gestion collective des ressources. Ils favorisent l’adoption de nouvelles pratiques agronomiques durables, mais aussi la diversité des systèmes de production et la préservation des exploitations agricoles familiales. Comme en attestent les exemples développés par la suite, ces acteurs déploient, en fonction de leurs défis locaux, différentes stratégies simultanées.
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Ces articles sont extraits de la publication Les batailles du consommer local en Afrique de l'Ouest