Une crise sanitaire révélatrice des dépendances extérieures

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Le continent africain a beau avoir résisté à l’épidémie de Covid-19 sur le plan sanitaire par rapport aux autres continents, il n'en paie pas moins un prix fort. Les diverses mesures de prévention et de restriction de circulation ont eu de graves conséquences sur les économies ouest-africaines, figurant parmi les plus ouvertes du monde au commerce international. Cette crise a ainsi remis en perspective des enjeux de long terme.

« Cette pandémie a montré à quel point nos mécanismes d'anticipation et de régulation des grandes crises sont fragiles et défectueux », analyse Mame Coumba Faye, cheffe du projet Asstel (Accès aux services et structuration des exploitations familiales d’élevage) pour le Gret au Sénégal. « Dans un contexte si fragile, les conséquences sur la sécurité alimentaire sont inévitables. »

La crise sanitaire a effectivement compliqué, voire empêché le déplacement des paysans et des autres travailleurs des filières alimentaires dans les champs, les unités de trans - formation et les points de vente. L’accès aux intrants et aux petits équipements a aussi été très perturbé. Les producteurs ont dû surmonter d’énormes défis pour trouver des solutions de substitution et maintenir leurs niveaux de production. Les marchés, seuls lieux d’activités commerciales d’envergure du monde rural, ont cessé de fonctionner de manière régulière. « Or, les familles d’éleveurs dépendent des marchés hebdomadaires pour obtenir un revenu issu de la vente d’animaux. Fermer les marchés à bétail a affecté le pouvoir d'achat et donc l’achat de nourriture de nombreuses familles », rappelle encore Mame Coumba Faye. Quand le secteur agricole est ainsi perturbé, les conséquences sont très fortes pour toute l’économie et la population. « Les gouvernements ont choisi de distribuer des vivres plutôt que d’agir sur les causes, ce qui aurait permis aux paysannes et paysans de produire et de maintenir leur pouvoir d’achat », regrette la Fédération des organisations non-gouvernementales du Sénégal (Fongs). La majorité des Ouest-Africains n’ayant pas de revenus fixes garantis, de telles baisses de revenus augmentent le risque d’une crise alimentaire majeure. « Quand ceux qui produisent l'essentiel des denrées alimentaires sont touchés, c’est qu’il y a problème », souligne Mar Ngom de la Fongs. Distribuer de la nourriture aux plus démunis n’est qu’une réponse pour gérer l’urgence, elle ne peut faire oublier qu’il faut maintenir des mesures de soutien à la production locale.

Une double peine pour le monde rural

Les activités des exploitations agricoles familiales ont été lourde - ment affectées, en amont comme en aval. Selon l’étude menée par le Dr Safiétou Barro Samb pour l’Initiative pros - pective agricole et rurale 3, 94 % des ménages ruraux du Sénégal ont déclaré que les mesures prises par les autorités pendant la pandémie ont entraîné une baisse de leurs revenus.

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Affiche publicitaire à Dakar © Y. Le Bars

Affiche publicitaire à Dakar © Y. Le Bars La production de riz du Sénégal a grimpé en flèche ces dernières années alors que le pays cherche à réduire sa dépendance aux importations

 

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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