Au Burkina Faso : ferme agroécologique et autonomie semencière paysanne
Bacye Sam Tokoro, formateur en agroécologie, est le coordonnateur de l’Association pour une agriculture durable de Sanguié. Cette dernière développe des activités de production et d’adaptation des semences, en vue de l’autonomie semencière des paysans.
Qu’est-ce qui a motivé la production de semences agroécologiques ?
La semence est le fondement de tout système agricole durable. Mais les producteurs sont dépendants des semences importées, pour la plupart des semences hybrides ou OGM, dont la particularité est leur rapide détérioration et l’impossibilité de les dupliquer. La mauvaise qualité de certaines semences constitue aussi la cause des faibles rendements. C’est donc pour pallier cet ensemble de problèmes, qu’après notre initiation à l’agroécologie par l’association Terre et Humanisme et notre participation à des formations, dont une au Centre agroécologique de production de semences tropicales (Caproset) à Gao au Mali, nous avons décidé de rendre disponibles des semences à la fois pour la production agricole et pour la multiplication.
Échantillon de semences produites par l'Apad Sanguié
Comment les producteurs s’approvisionnent-ils en semences la plupart du temps ?
Les deux voies principales d’approvisionnement sont l’achat sur les marchés et l’autoproduction. Les semences disponibles sur les marchés proviennent de laboratoires et sont importées de pays tels que la Chine. Les producteurs qui sont obligés de recourir chaque année à ces semences, n’en sont pas satisfaits, car leurs qualités laissent à désirer et leur utilisation engendre des coûts annuels supplémentaires liés non seulement à leur achat mais également aux produits phytosanitaires recommandés en association avec elles.
Certains producteurs multiplient, conservent et utilisent des semences paysannes. Mais, ils ne sont pas légions et ne maitrisent pas les techniques de multiplication, de sélection et de conservation de ces semences pourtant de bonne qualité et dont les différentes variétés tendent de plus en plus à disparaitre.
Quelles sont les semences sur lesquelles vous travaillez ?
Nous avons adapté une vingtaine de variétés correspondant à plus de dix spéculations de semences. Nous travaillons surtout sur les semences maraichères, menacées de disparition et pour lesquelles les producteurs éprouvent de grandes difficultés d’approvisionnement. Actuellement, nous diffusons quatre variétés : la tomate, le haricot vert, l’aubergine et la carotte.
Propos recueillis en février 2018 par Yvon Saroumi (Inter-réseaux)