Sécher l'échalote pour ouvrir de nouveaux marchés

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumes
Pays : Mali

Dans le Sud du Mali, la moitié de la production d’échalotes est perdue faute d’un stockage adéquat. Arcade accompagne une coopérative de femmes de Blendio pour conserver et sécher l’échalote. Il s’agit de profiter des changements de mode de vie pour proposer de nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée.
Valérie Géhin, déléguée générale d’Arcade, expose les difficultés de pénétration des marchés urbains et les évolutions que l’approche globale d’Arcade a contribué à soutenir dans la région. 

Quelle est la situation du marché de l’échalote au Mali ?

Par goût, les maliens consomment plus d’échalotes (diabani) que d’oignons (diaba). Pour les produire, les dogons ont un vrai savoir-faire qui s’est diffusé dans le Sud du Mali. Les échalotes locales sont tout de même concurrencées par les gros oignons hollandais, plus rapides à éplucher.

Mais c’est surtout le prix qui détermine l’arbitrage entre la plante potagère et son concurrent importé. Comme elle se conserve mal, les prix augmentent en fin de saison des pluies, jusqu’à 1 500 FCFA le kilo, soit sept fois plus qu’au moment de la récolte. 

Les productrices peuvent-elles tirer des revenus intéressants de l’échalote ?

Pour réguler le marché, il faut soit parvenir à produire toute l’année, soit conserver toute l’année. Le séchage nous paraît être une solution idéale dans le Sud Mali mais l’enjeu est d’habituer les clients aux produits séchés. Pour la tomate ou le haricot vert, les consommateurs sont réticents, mais pour l’échalote et le piment, un marché émerge. 

Comment se positionner sur ce nouveau marché ?

L’échalote séchée est un produit intéressant pour les marchés urbains (rapidité de préparation des plats privilégiée) mais il est difficile pour les femmes de s’y positionner. Bougouni et Sikasso sont des villes éloignées de Blendio et la négociation avec les grands commerçants qui organise ces marchés est difficile. Les productrices ne sont pas suffisamment aguerries pour gérer ce type de relation commerciale.

Elles ont donc adapté l’offre aux clients ruraux en proposant des petites tasses de 25 grammes pour la préparation d’un seul repas que le client prend directement en vrac dans un bout de tissu. Et comme sur ces marchés ruraux, les échalotes séchées sont peu demandées tant qu’il reste des échalotes fraîches, nous avons revu la conception du nouveau bâtiment pour conserver le produit frais. Nous stockons des échalotes fraîches pendant toute la saison des pluies jusqu’à la période de semis, soit presque six mois. 

Les femmes de Blendio ont donc abandonné la vente en ville ?

Pas totalement, les marchés des petits centres urbains, comme Niéna qui est à proximité de Blendio, sont intéressants car ils mêlent plusieurs types de clientèles, à qui elles peuvent proposer des produits différents. Elles ont expérimenté plusieurs techniques de séchage différentes, et arrivent à produire des échalotes blanches, rouges, roses. C’est un avantage mais cela demande aussi des compétences type marketing pour segmenter le marché.

Nous avons monté un partenariat avec l’association des ménagères de Niéna, une fédération qui regroupe les coopératives de femmes de la ville. Les productrices d’échalotes ont négocié avec elles un prix plancher de 250 FCFA au moment des récoltes. Elles n’ont toutefois pas eu envie de s’enfermer dans une relation exclusive avec cette association, qui leur rappelait la contrainte du commerçant/collecteur unique.

Cependant, elles se sont rendu compte de l’importance de se regrouper pour faire poids dans la négociation. Et cela a fait tache d’huile au niveau des autres producteurs de la zone, hommes et femmes, qui se rassemblent de plus en plus pour commercialiser. [...]

Voir l'entretien complet

 

Creuser le sujet :

- Blog d'Arcade

- Témoignage, Mieux conserver l'oignon pour mieux le vendre, 2017