Le scandale de l'huile de palme durable
La société Wilmar contrôle près de la moitié du commerce mondial de l'huile de palme, qu'elle vend à des groupes agroalimentaires comme The Kellog's Company, Unilever, Nestlé, etc. Des entreprises, membres de la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), qui affirment utiliser de l’«huile de palme durable».
Amnesty International a constaté de graves atteintes aux droits humains dans les plantations de Wilmar et de ses fournisseurs : travail des enfants, travail forcé, pratiques dangereuses mettant la santé des ouvriers en danger.
Photo ci-contre : Cette travailleuse journalière est en train d’épandre des produits chimiques sans équipement de protection dans une plantation appartenant à un fournisseur de Wilmar. © Amnesty International/ WatchDoc
Les entreprises sur lesquelles Amnesty International a enquêté ont recours à un système complexe pour calculer le salaire des ouvriers. Elles fixent des objectifs de rendement et les salariés peuvent subir des déductions de salaires qui aboutissent parfois à une rémunération inférieure au salaire minimum, qu'ils aient travaillé pendant la durée prévue ou plus longtemps;
La législation indonésienne interdit le travail des mineurs pour les taches pénibles. Par crainte de perdre leur emploi s'ils parlaient de ce ce sujet, la plupart des parents étaient réticents à être interrogés sur le travail des enfants mais les enquêteurs d'Amnesty International ont tout de même recueilli une dizaine de témoignages attestant le travail des enfants sur les plantations dès l'âge de 8 ans. Amnesty International a écrit à toutes les entreprises en leur présentant les preuves du travail des enfants dans les plantations. Wilmar en rejette la responsabilité sur les parents et fait totalement abstraction du fait que, les bas salaires et le recours à des objectifs et sanctions, sont des facteurs qui conduisent certains parents à emmener leurs enfants sur les plantations pour qu'ils les aident dans leur travail. Sa réponse ne reconnaît pas non plus que les surveillants des plantations laissent le travail des enfants se poursuivre et qu'elle tire profit de celui-ci.
La loi indonésienne prévoit un maximum de 40 heures de travail hebdomadaire mais les employés des filiales de Wilmar ont dit travailler jusqu'à 10-11 heures par jour, tandis que ceux des fournisseurs ont parlé de 10 à 12 heures par jour. Certains ouvriers travaillent le dimanche pour gagner suffisamment d'argent pour survivre. Amnesty International a recueilli des informations sur des personnes travaillant 12 heures par jour, sept jours par semaine, pour moins que le salaire minimum légal. Ces longues journées de labeurs sont d'autant plus dangereuses que le travail est très physique.
Les plantations de palmiers à huile utilisent toutes sortes de pesticides et d'herbicides. En 2008, Wilmar s'est engagé à supprimer progressivement le recours au dichlorure de paraquat, une substance hautement toxique, dans le cadre de ses activités. L'enquête d'Amnesty a confirmé que le paraquat est toujours utilisé en 2016 et les employés qui pulvérisent les substances chimiques et épandent les engrais ne sont pas suffisamment protégés.
Le rapport met aussi en évidence une pratique systématique discriminatoire consistant à employer les femmes comme journalières, ce qui les prive d'un emploi stable et de prestations sociales pour l'assurance-maladie et la retraite.
La table ronde pour une huile de palme durable (RSPO) a fixé des critères pour une huile produite sans dégâts environnementaux et sociaux. L'enquête d'Amnesty International révèle que la RSPO agit comme un écran empêchant tout examen approfondi des pratiques de Wilmar et des autres entreprises. Malgré de graves atteintes aux droits humains, 2 des 5 plantation sur lesquelles Amnesty International a enquêté sont certifiés comme produisant de l'huile de palme "durable".
Creuser le sujet :
- Fiche pédagogique du film : Palme, une huile qui fait tache, CFSI, 2015
- Arnaque à l'huile de palme durable, Les Amis de la Terre, 2011
- Vers une nouvelle stratégie de lutte contre l'expansion de l'huile de palme en Indonésie, propos de Dianto Bachriadi recueillus par le CFSI, 2012
- Suer à grosses gouttes d'huile de palme, Alternatives internationales, 2012
- La nouvelle frontière de l'huile de palme, Greenpeace, 2012