Promouvoir le riz local par le modèle ESOP

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Riz
Pays : Côte d'Ivoire

Le riz est un aliment de base en Côte d’Ivoire mais près de la moitié du riz acheté est importé. Pour dynamiser la production ivoirienne, le CIDR a créé six ESOP [i], un modèle expérimenté plusieurs fois en Afrique de l’Ouest. Ces entreprises soutiennent les producteurs et assurent transformation et commercialisation du riz local. Dotianga Konaté et Éric Levoy nous expliquent leurs modalités d’intervention et les défis qui se posent aux ESOP.  

Les producteurs ivoiriens adhèrent-ils à ce modèle d’entreprise ?

D.K : Oui, actuellement 1 227 producteurs de riz sont associés avec les 6 ESOP. Ils doivent souvent accepter d’être payés en différé car les ESOP n’ont pas de fonds de collecte significatif pour le moment.
E.L : Les petits producteurs ont très bien adhéré à ce modèle. Ce n’est pas toujours le cas de leaders des coopératives. Certains ont refusé le système d’ESOP pour garder la maîtrise des activités de transformation et de commercialisation, traditionnellement gérés par les coopératives. 

 

Voyez-vous déjà les effets des services fournis par les ESOP aux producteurs ?

D. K : Depuis 2014, les 6 ESOP apportent des services aux petits producteurs rizicoles, notamment des semences homologuées de qualité et de l’appui technique. Nous avons constaté une amélioration de rendement d’au moins 30 % dès la première année.
Un autre impact est l’appui aux coopératives à travers un système de « bonus ». Les entreprises leur reversent 1,5 FCFA par kilo de riz acheté, au plus tard six mois après l’achat du riz. 

Quelle est la stratégie d’accès au marché adoptée par les ESOP ?

D.K : Le riz transformé par les ESOP est principalement commercialisé sur les marchés locaux où les entreprises sont implantées. La marque Riz Délice, promue au Togo et au Bénin par l’ONG ETD (Entreprises Territoire et Développement), a été reprise  pour commercialiser le riz en sac de 25 kilos ou en paquet cartonné d’un kilo.

E. L : Malheureusement les premières tentatives de commercialisation sur le marché d’Abidjan ont échoué. L’agent commercial engagé par le CIDR n’a pas obtenu de résultats. Une des causes de cet échec est qu’il se considérait comme un salarié du projet et non comme un entrepreneur. C’est donc à l’association des ESOP de recruter le commercial et de lui préciser son rôle, sa position et ses conditions de rémunération.

 

 

Le riz local transformé par les ESOP est-il compétitif ?

D.K : Le riz ivoirien est souvent boudé par les consommateurs locaux qui l’associent à une qualité médiocre. Nous avons donc fixé le prix de manière à ce que le riz local soit attractif. Un kilo de riz transformé par les ESOP est vendu en moyenne 320 FCFA contre 380 FCFA pour le riz de qualité équivalente. Nous comptons ainsi intégrer le marché et fidéliser les consommateurs. [...]

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Propos recueillis en mai 2015 par Camille Bureau (CFSI) et édités en mai 2015. Photos © CIDR

 

[i] Entreprises de services et organisations de producteurs.

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