Évaluation des impacts sociétaux de la filière lait française
Fin 2013, l'annonce de l'investissement massif de Synutra, géant de l'agroalimentaire chinois, dans une usine de production de lait en Bretagne a relancé le débat sur le "modèle intensif" déjà pointé du doigt à la même époque dans le sillage des premières manifestations des bonnets rouges et du projet de la "ferme aux mille vaches". Au-delà des commentaires à chaud des medias, le Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne (BASIC) fait avancer le débat en évaluant le coût social et environnemental de la filière lait française. L'étude a été présentée au Sénat en 2013.
La filière lait française a généré 25,5 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2012. Mais de nombreux coûts liés à cette production sont "externalisés", c'est-à-dire qu'ils sont payés par les acteurs externes à la filière : les pouvoirs publics et les individus. Le rapport du BASIC évalue a minima ces coûts à 7,1 milliards d'euros en 2013 (réchauffement climatique, pollution de l'eau et de l'air, aides PAC, suppression ou précarisation des emplois, dumping dans les pays africians, etc.) Pour un euro de création de valeur économique, on a donc un coût environnement et social de 28 cents en moyenne. Ces coûts sont générés en grande partie par l'amont de la filière agricole (6,1 milliards d'euros).
Mais en réalité, les habitudes de consommation (produits industrialisés) sont à l'origine d'une bonne partie de ces impacts. Le coût à supporter diminue à 18 cents pour un produit issu de l'agriculture biologique et à 10 centimes dans le cas d'un produit au lait cru AOC et biologique. On voit ainsi que des alternatives sont possibles au modèle dominant la filière.
Voir la vidéo d'animation tirée du rapport
Pour aller plus loin, le scénario Afterres élaboré par Solagro propose une trajectoire à l'horizon 2050 permetttant de réduire significativement les impacts socio-environnementaux de la filière lait et plus généralement de l'agriculture française.