Simon Baliteau d'ESSOR : comment valoriser les produits agricoles capverdiens sur le marché ?
Petit archipel aride et isolé, le Cap-Vert voit sa population croître rapidement. Pour nourrir les villes tout en préservant l’environnement et en assurant un revenu décent aux agriculteurs, la transformation et la commercialisation des produits de l’agriculture doit être améliorée. En partenariat avec la coopérative PARES et l’Organisation des associations communautaires de São Nicolau (ORAC-SN), l’ONG ESSOR développe depuis 2006 des projets visant à renforcer les capacités des producteurs à innover pour valoriser leurs produits. Simon Baliteau, agronome de formation, a suivi ces projets sur la durée.
Comment travaillez-vous avez les producteurs ?
L’idée est de travailler de manière participative en partant des problèmes que rencontrent les producteurs et des ressources locales existantes, souvent sous-valorisées. A partir de là, nous cherchons ensemble des solutions. Il arrive que nous testions en interne de nouveaux processus de transformation pour les proposer ensuite aux groupes et les valider avec eux, comme ce fut le cas avec la confiture de fruit de la passion, ou le jus de pomme et de coing. Dans d’autres cas, le processus est très participatif dès le départ : nous avons ainsi mis en place un processus d’affinage pour le fromage de chèvre.
Fromage de chèvre affiné (Santo Antão) © Simon Baliteau
Que permet ce travail sur la valeur ajoutée des produits ?
Le conditionnement et la transformation sont réellement des clefs pour mettre en valeur les produits locaux, leur permettre d’accéder aux marchés urbains et de concurrencer les produits d’importation.
La coopérative PARES permet ensuite aux producteurs d’accéder aux marchés urbains en jouant le rôle de centre de collecte et de centrale de vente des produits. Elle intervient aussi sur la dimension prospection, marketing, et gestion. Nous appuyons en outre l’organisation de foires agricoles avec les agriculteurs.
Le projet s’est étendu à la Guinée Bissau. Qu’est-ce qui, selon vous, fait aujourd’hui la force de ce projet en constante expansion ?
Au départ, je pense qu’ESSOR bénéficiait d’un bon capital de confiance auprès des producteurs du fait des formations qui avaient été animées depuis 4 ans. A São Nicolau, ce sont les expériences concluantes menées auparavant, ainsi que le travail important de proximité réalisé par l’équipe auprès des producteurs depuis 2 ans, qui fondent notre légitimité.
Un élément que je voudrais évoquer est l’atout que représente la co-formation. Nous avons ainsi mis en place une formation de paysans par des pairs. Ils peuvent échanger des pratiques, des expériences, mais surtout, nous avons le sentiment qu’il n’y a rien de mieux qu’un éleveur pour s’adresser à un autre éleveur : ils parlent le même langage, ont le même regard sur les animaux, connaissent les mêmes contraintes, et ont en commun tout un savoir technique spécifique à leur métier, qui leur permet de se comprendre mutuellement.
Propos recueillis le 11 septembre 2012 par Mathilde Leclerc et édités le 7 février 2014 par Gaëlle Le Gauyer
Atelier d'expérimentation autour du jus de mangue © Simon Baliteau
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