Valoriser les produits locaux sur le marché

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Alternatives de commercialisation

Entretien avec Ibrahim Sarr, directeur du Réseau régional des horticulteurs de Kayes (RHK), le plus grand réseau d’associations et de coopératives agricoles dans la région de Kayes

Quelle est la mission du RHK vis-à-vis des horticulteurs ?
Ibrahim Sarr : La relance des économies africaines se fera par la promotion de l’agriculture familiale, j’en suis convaincu. Mais pour cela, les collectivités territoriales doivent l’intégrer dans leur politique de développement socio-économique des territoires. Avec la décentralisation, le contexte institutionnel de la région de Kayes a changé. Les actions de plaidoyer sont faites par l’Assemblée régionale de Kayes où nos positions sont mises en avant. Le RHK se positionne comme un défenseur des intérêts des producteurs pour accéder aux marchés. Par exemple, lors de la rénovation du grand marché de Kayes, l’espace fruits et légumes avait été supprimé. Après négociation avec la Mairie, un nouvel espace a été obtenu par le RHK.
Aujourd’hui, l’État malien prétend mettre les organisations de producteurs au coeur de sa politique. Concrètement, il brille surtout par son absence en termes d’appui. Ce sont surtout les ONG ou les organisations comme la nôtre qui favorisent le développement agricole. Certes, l’Etat n’agit pas contre, mais il n’aide pas non plus.

Parlez-nous d’un projet mis en oeuvre par le réseau et dont il est particulièrement fier ?
I.S. : L’oignon est un bel exemple. Avant, toute la production de la région arrivait sur le marché au même moment (février-mars), à des prix forcément très bas. Avec de nouvelles techniques de production comme la conservation des bulbilles, l’oignon peut être mis sur le marché avec deux mois d’avance, à des prix bien plus rémunérateurs. Les producteurs ont vu l’intérêt financier. Le consommateur aussi est gagnant : il a accès à des produits frais à une période où il n’y en avait pas auparavant.

Justement, comment les consommateurs accueillent- ils vos produits ?
I.S. : Les urbains se nourrissent davantage de pâtes et autres produits importés, accompagnés de légumes, d’où l’intérêt de développer la production horticole. La demande existe. Les produits locaux sont prisés par les consommateurs. Avec le développement d’axes routiers, la région de Kayes se désenclave. Du coup des produits d’ailleurs arrivent maintenant sur le marché de Kayes. Notre enjeu est de maintenir la position dominante des producteurs locaux sur le marché. Il faut que le consommateur identifie nos produits : locaux et bio. Nous avons surtout misé sur la qualité liée à l’utilisation minimum d’intrants. Il n’y a pas trop de différence dans le prix au producteur ou le coût pour le consommateur.