Renato Maluf : Renforcer l'agriculture familiale au Brésil
Les politiques ciblées menées par le président Lula ont aidé l'agriculture familiale, mais il reste beaucoup à faire pour qu'elle accède enfin au marché privé.
Photo : Renato Maluf, économiste, professeur à l'université fédérale rurale de Rio de Janeiro
Le président Lula a amplifié et diversifié le programme d’appui à l’agriculture familiale. Quels ont été les résultats ?
Au Brésil, l’agriculture familiale inclut des petits paysans pauvres, mais aussi des exploitations intermédiaires qui se sont mécanisées, utilisant des intrants et des semences avec un fort potentiel. En facilitant l’accès des agriculteurs familiaux au crédit, les mesures prises dès la fin des années 1990 ont dans un premier temps renforcé ces exploitations intermédiaires. Après son arrivée au pouvoir en 2003, Lula a doublé les financements en ciblant davantage les petits éleveurs, les paysans expérimentant l’agroécologie, les produits de terroir, les jeunes, les femmes…
Les agriculteurs les plus pauvres en ont-ils profité ?
Les agriculteurs les plus pauvres ont en fait davantage profité des programmes de lutte contre la faim, via des achats publics subventionnés. Les cantines scolaires, dont 30 % des achats proviennent directement des paysans les plus vulnérables, ont ainsi fourni 46 millions
de repas gratuits par jour aux élèves. Cette politique a maintenu un réseau de 4,5 millions d’exploitations familiales, couvrant 70 % des besoins des Brésiliens.
Si les politiques ciblées ont aidé l’agriculture familiale, elles n’ont pas suffisamment été suivies de mesures d’accompagnement des agriculteurs les plus pauvres pour les aider à accéder aussi au marché privé : expérimentation de nouvelles méthodes de production, développement des rendements ou de la qualité des produits. L’agriculture industrielle a, quant à elle, continué à prospérer, une partie des agriculteurs intermédiaires aidés ayant été intégrés à ce système de production afin de développer les exportations .[...]
Article issu du numéro spécial d'Alternatives Economiques "Manger local ou manger mondial", réalisé en partenariat avec le CFSI, dans le cadre de la campagne ALIMENTERRE 2016.