Warrantage pour sécuriser et valoriser les céréales
Dans le cadre d'un projet* porté par le Gret et Enda Graf Sahel au Sénégal
Photo : Opération de mise en stock © Gret
Le warrantage consiste à accorder aux producteurs un prêt garanti par la mise en stock de leur production, dont la valeur est susceptible d’augmenter sous quelques mois. Souvent présenté comme une solution simple au problème de bradage de la production juste après la récolte, ce dispositif doit en réalité s’adapter à chaque contexte d’application.
Dans le bassin arachidier, bien que la récolte des céréales ait lieu en octobre-novembre, leur stockage n’intervient pas avant janvier-février. En effet, les prestataires de services de battage attendent le début de la campagne arachidière pour démarrer leur tournée dans les villages : ils veulent être certains que les producteurs disposent de trésorerie. Entretemps, seul un battage manuel est possible, ce qui donne des grains de mauvaise qualité, souvent brisés, dépréciant la valeur marchande des stocks.
Assurer la sécurité alimentaire des familles
Dans le cadre du projet, les producteurs ont retenu l’option d’un crédit individuel ayant pour objectif principal de sécuriser leur réserve alimentaire avant la période de soudure. Le crédit-stockage a démarré lors de mise en stock habituelle (janvier-février) pour bénéficier de la qualité qu’apporte un battage mécanique.
Le prêt obtenu couvre la période de latence avant le paiement effectif de l’arachide livré ou, éventuellement, finance une activité génératrice de revenu. Mais les producteurs voient surtout dans ce dispositif un moyen de conserver des stocks alimentaires pour la famille sans y faire de ponctions pour faire face à leurs besoins monétaires (les clés du magasin sont détenus par l’IMF et l’OP).
Producteurs, institutions de microfinance et transformateurs sont gagnants
Cette première expérience est concluante. En 2011, 68 ménages ont mis 38 tonnes de mil en stock et reçu 3 millions de FCFA de crédit (soit près de 70 euros par ménage) avec un taux d’intérêt annuel de 12 %. Ce taux, très inférieur à celui imposé aux agriculteurs familiaux en dehors du dispositif, est comparable à celui en vigueur dans le système bancaire, quasi inaccessible aux petits producteurs. Les producteurs ont aussi bénéficié d’un stockage fiable et d’un niveau maximum de conservation. Plus de 80 % de ces céréales, de qualité reconnue, ont été vendues à des transformatrices de Dakar, à raison de 165 FCFA le kg, alors que le prix de valorisation à la mise en stock était de 125 FCFA. Les producteurs ont donc réalisé une marge brute de 40 FCFA par kg warranté. [...]
* Projet Profils mis en œuvre par le Gret, Enda Graf Sahel, AVSF et JED, de 2009 à 2012.