Argentine : la récupération est en marche ! Comment renforcer les coopératives ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Transformation et filière

A l'occasion du sortie son numéro spécial "Coopératives : le capital humain"  dont le CFSI est partenaire, Altermondes revient sur l'expérience argentine de récupération des entreprises par les salariés. Dans ce même numéro, Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) livre son témoignage sur les coopératives de producteurs agricoles, acteurs clefs des processus de développement dans les pays du Sud. Contribuer à leur émergence et favoriser leur renforcement sont donc des enjeux non négligeables.

© Pierre-Yves Brunaud / Picturetank

La récupération est en marche ! par Martin Azcurra

ARGENTINE. Suite à la crise économique qui a ravagé le pays à partir de 2001, a émergé un puissant mouvement de récupération d’entreprises par les travailleurs argentins. Les obstacles n’ont cessé de se dresser devant ceux qui ont osé remettre en cause l’ordre établi. Leur mouvement fait aujourd’hui figure d’exemple dans le monde entier.

Les coopératives de travailleurs possèdent une longue histoire en Argentine. Elles ont cependant acquis un rôle politique important à partir de la crise économique de 2001, résultat de dix années de désindustrialisation en faveur du capital financier. Suite à la fermeture ou à la liquidation d’un grand nombre d’entreprises de taille moyenne, un mouvement a émergé, d’abord comme une forme de résistance au chômage, puis s’est transformé en une lutte pour la récupération des moyens de production. L’usine de céramique Zanon, l’imprimerie Chilavert, l’entreprise de textile Brukman et l’entreprise métallurgique IMPA en ont été les cas les plus emblématiques. [...] Voir plus du numéro d'Altermondes sur les coopératives

Comment renforcer les coopératives par AVSF

Parce qu’elles remplissent des fonctions de production et d’alimentation des populations, de génération de revenus familiaux et d’emplois ruraux ainsi que de gestion durable des ressources naturelles, les coopératives de producteurs sont des acteurs clés des processus de développement. Sans oublier qu’elles assurent un rôle fondamental dans la représentation et la défense des intérêts des familles paysannes, à un niveau aussi bien régional, que national ou international.

Des processus complexes

L’appui à la mise en réseau de coopératives et à la consolidation de structures de type syndical constitue donc une stratégie centrale d’Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) afin que les coopératives renforcent leurs capacités de représentation et de dialogue, avec d’autres partenaires à plus grande échelle, qu’il s’agisse de l’État, des collectivités, des acteurs privés, etc. La constitution et la consolidation des coopératives de producteurs sont des processus complexes qui demandent du temps et nécessitent souvent un accompagnement dans la durée. Si le fait que les paysans aient déjà développé des formes d’organisation collective ou l’existence d’un cadre législatif sont des éléments favorisant ces dynamiques, d’autres facteurs vont considérablement les freiner : le fort taux d’analphabétisme en milieu rural, les difficultés pour les femmes de participer à ces processus ou encore des expériences antérieures d’organisation de producteurs qui ont laissé un souvenir négatif. Dans tous les cas, AVSF structure sa coopération pour l’émergence et le renforcement de coopératives autour d’un socle commun de stratégies.

Pour la création de coopératives, le fondement est que les producteurs puissent définir eux-mêmes le projet autour duquel ils souhaitent se rassembler. Ce faisant, ils s’approprient la dynamique d’organisation, ce qui conditionne leur niveau de participation dans la gestion future de la coopérative. Une autre stratégie centrale est la responsabilisation des producteurs et des dirigeants. Des dispositifs d’assistance technique permanente et de formation permettent un transfert continu et progressif de compétences. L’objectif est que l’organisation ait la capacité, à moyen terme, de gérer ses activités de façon autonome. [...]