Guinée-Bissau : sauvegarder l'autonomie du pays en sel
Alain Kasriel est le directeur d’UNIVERS-SEL, une association issue d’un mouvement de solidarité entre paludiers guérandais qui se prolonge à l’international.
UNIVERS-SEL accompagne l’Association des productrices de sel de Kapatres (Aprosal) dans l’adoption d’une technique de saliculture solaire. Elle présente le triple avantage de réduire considérablement la pression sur la ressource en bois, les risques sanitaires et la pénibilité des tâches des productrices.
À quoi ressemble le marché du sel en Afrique de l’Ouest ?
Il y a très peu d’importations d’autres régions du monde. La production ouest-africaine couvre les besoins, pour la consommation humaine ou pour le salage du poisson. Mais le marché local de pays comme la Guinée Conakry est déstabilisé par l’entrée du sel industriel sénégalais. La saliculture industrielle s’est développée au Sénégal avec la multinationale Les Salins du Midi dans la région de Kaolack et d’autres entreprises moyennes. D’un côté, la saliculture industrielle est entièrement mécanisée avec des pelleteuses pour la récolte et donc très peu d’employés. De l’autre, la saliculture artisanale constitue un complément de revenus important pour des centaines de milliers de personnes.
Pourquoi la production artisanale n’est-elle pas durable ?
Sur toute la frange côtière qui va de la Sierra Leone au Sénégal, la technique de production de sel est la cuisson des saumures. Nous avons estimé qu’il faut environ trois tonnes de bois pour produire une tonne de sel. Pour la seule Guinée Conakry, étant donné que plusieurs milliers de tonnes de sel sont produites de cette façon, cela correspond à plusieurs centaines d’hectares de mangrove qui partent en fumée chaque année.
Autres inconvénients de cette technique : le temps de cuisson. Les femmes inhalent pendant des heures des vapeurs toxiques et elles ne peuvent avoir d’autres activités les jours de production du sel.
Quelles sont les alternatives ?
Sans bouleverser les modes traditionnels de production, il s’agit de remplacer la cuisson par un système solaire de cristallisation sur des bâches en plastique, inspiré des marais salants où les bassins naturels réchauffent l’eau et la filtrent. Nous avons élaboré cette alternative avec les producteurs des zones de mangrove de Guinée Conakry.
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Creuser le sujet :
- Site de l’association UNIVERS-SEL www.universsel.org
- Témoignage, De nouveaux produits pour réinvestir le marché local en Guinée-Bissau, 2014
- Étude, Des innovations agroécologiques dans un contexte climatique changeant en Afrique, 2015