Mondialisation de la faim

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires, Commerce international

La sécurité alimentaire et la Politique Agricole Commune (PAC)

Après plusieurs réformes, La Politique agricole commune de l'UE est une fois de plus face à une refonte complète. Avec 57 milliards d'euros, la PAC représente plus de 40 % du budget de l'UE. Une nouvelle PAC doit voir le jour en janvier 2014, l'année 2012 sera décisive en terme de négociations des réformes. La discussion a lieu dans le contexte d'une aggravation dramatique de la crise alimentaire mondiale associée avec des prix de plus en plus élevés et volatiles. Pour 2010, le nombre d'affamés a été estimé à 925 millions de personnes, contre 833 millions en 2000-2002. Bien que la PAC influe fortement sur les marchés mondiaux (le dernier rapport de l'OMC souligne que l'Europe domine toujours les marchés agricoles), sa dimension externe est à peine prise en compte dans le débat actuel.

Cette étude publiée par des ONGs et chercheurs d'Allemagne (FDCL), d'Espagne (Ecologistas en Acción), de Hongrie (Vedegylet), des Pays-Bas (TNI) et de République Tchèque (Glopolis) analyse les impacts de la course aux matières premières à bas prix, des exportations de céréales, produits laitiers et volaille, et de la demande croissante pour l'alimentation animale, de loin l'importation agricole la plus importante dans l'UE.

Le respect du droit à l'alimentation exige que la future PAC :

-  cesse d'encourager la surproduction de céréales, viandes et produits laitiers (gestion de l'offre, production moins intensive à l'hectare) ;

- réduise sa dépendance en protéines animales (appui à la production de protéagineux, arrêt de l'appui aux élevages industriels, interdiction des importations de maïs et soja OGM, campagne d'éducation pour réduire la consommation de produits de l'élevage) ;

- n'entraîne pas de dumping sur les marchés mondiaux (abolition des restitutions à l'exportation, orientation de la production vers le marché domestique)

- acte la nécessité de protection des pays tiers en cas d'importations massives (introduction d'une disposition demandant à l'UE de respecter les mesures des pays en développement pour protéger leurs marchés)

- établisse une mécanisme de plainte qui permette aux gouvernements des pays en développement ou à leur société civile de rapporter une violation du droit à l'alimentation à un "médiateur".

- soutienne l'autosuffisance alimentaire partout dans le monde, cette transition vers l'autosuffisance étant une obligation légale internationale comme l'a rappelé le rapporteur spécial sur le Droit à l'alimentation (The Common Agricultural Policy Toward 2020: The Role of the EU in supporting the realization of the right to food)