Au Burkina Faso : expansion de coopératives solidaires à Kaya
Benoit Naveau est chargé des partenariats avec l’Afrique de l’Ouest pour Autre Terre, la branche solidarité internationale du groupe Terre. Terre regroupe des entreprises de l’économie sociale et solidaire en Belgique. L’autonomie de gestion défendue par le secteur de l’ESS guide les relations partenariales d’Autre Terre. Avec l’ONG burkinabè Apil (Action pour la promotion des initiatives locales), ils sont parvenus à créer des structures économiques rentables, une miellerie et une laiterie à Kaya.
Quel bilan dressez-vous de la création d’unités de transformation du miel et du lait ?
Les coopératives apicoles et laitières, créées en 2008 à Kaya, ont fait un sacré bout de chemin. Au début, il s’agissait pour des apiculteurs et éleveurs de s’organiser pour améliorer leur production, notamment par des pratiques agroécologiques, et trouver des débouchés en ville. Ce projet a été soutenu par le programme Pafao en 2011. En quelques années, les revenus ont augmenté de manière importante : chaque agropasteur dégageait un bénéfice moyen de 1 500 euros par an (+ 300 %) et chaque apiculteur 100 euros par an (+ 50 %). Ces sommes sont un complément des revenus de leur activité principale qui reste l’agriculture.
En 2013, le recrutement d’un manager a été un tournant décisif pour l’atteinte de l’équilibre financier des unités de transformation. Dès ce basculement opéré, la production et la commercialisation ont très vite augmenté. En 2018, la miellerie a fait 16 000 euros de bénéfices, la laiterie 14 000 euros. La demande est largement supérieure à l’offre. C’est rare dans ce type de projet d’avoir autant de bénéfices. Souvent, les unités créées par les projets ne décollent que très lentement. Pour l’instant les bénéfices sont répartis entre les producteurs (essentiellement pour la formation et l’équipement de nouveaux bénéficiaires) et Apil. La prochaine étape est que les producteurs aient l’entière maîtrise des bénéfices tout en rémunérant Apil pour les services qu’elle continue à leur rendre.
Comment expliquez-vous la forte cohésion autour des unités de transformation ?
Une grande réussite est le bon fonctionnement des unions communales au niveau desquelles les producteurs se rencontrent régulièrement pour des formations, des prêts de matériel. Pour le lait, c’est compliqué car les éleveurs n’ont que deux heures pour livrer après la traite, ce qui implique une organisation communautaire importante. Pour le miel, la demande dépasse encore largement l’offre. En 2018, ils ont produit 58 tonnes de miel et il a fallu organiser des mielleries décentralisées. L’organisation communautaire est forte, le projet est autoporté, il continue, chaque année avec des producteurs supplémentaires. Les derniers soutiens directs de notre part datent de 2013. Si le projet continue à faire tâche d’huile, cela vient de la structure intrinsèque du projet avec les groupements, les unions, etc.
Le seul appui financier d’Autre Terre ces dernières années est le « Coup de pouce à la construction de stratégies de changement d’échelle », du programme Pafao, qui a fait aboutir la réflexion sur les statuts des unités économiques.
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Propos recueillis en mai 2019 par Marie Drique et Chloé Judalet, édités par Hélène Basquin Fané (CFSI)
Pour creuser le sujet :
- Témoignage, Marier économie sociale et solidaire et agriculture biologique au Burkina Faso, 2013
- Fiche innovation, Au Burkina Faso : unités de transformation sociales et solidaires , 2014
- Site d’Autre Terre