Rapport sur l’état du droit à l’alimentation et à la nutrition 2021
En juillet 2021, le Réseau mondial pour le droit à l'alimentation et à la nutrition, en coordination avec FIAN International, publie le « Rapport sur l’état du droit à l’alimentation et à la nutrition 2021 ». Ce dernier se présente comme un complément critique au rapport « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » (Sofi) publié annuellement par la FAO.
Alors que le Sofi avance essentiellement des données chiffrées, ce rapport met l’accent sur le contexte social et politique dans lequel s’inscrit le système alimentaire mondial afin d’identifier les obstacles au plein accès des populations au droit à l’alimentation et à la nutrition. L’accent est mis sur plusieurs éléments dont les inégalités sociales, les droits des femmes, les droits des peuples autochtones et des minorités nationales. Le rapport observe que nombreux sont les gouvernements des pays du Sud qui ont saisi l’occasion de la crise sanitaire pour renforcer leur orientation autoritaire :
- En Afrique, certains États ont pris des mesures de contrôle et de répression des activités informelles, ce qui a contribué à une aggravation de la pauvreté pour les populations qui en dépendent. La fermeture des marchés de denrées alimentaires a particulièrement contribué à renforcer l’insécurité alimentaire.
- En Inde, une réforme agraire visant la libéralisation des marchés agricoles a déclenché un mouvement paysan sans précédent dans tout le pays en pleine période de pandémie. En Indonésie, l’imposition de mesures de distanciation sociale a accéléré le processus d’accaparement des terres par des entreprises d’exploitation forestière. Des conflits fonciers ont donné lieu à des affrontements qui ont fait plusieurs morts.
- Au Brésil, alors que le Président Jair Bolsonaro avait, quelques temps auparavant, démantelé le Conseil national pour la sécurité alimentaire et la nutrition (Consea), l’arrivée de la pandémie est venue aggraver l’insécurité alimentaire dans tout le pays.
- En Amérique Latine, il est plus que jamais urgent de défendre les droits des populations autochtones vivant majoritairement dans les zones rurales forestières et menacées d’expulsion par des entreprises extractives avec l’accord des gouvernements locaux.
Dans les pays du Nord, la crise sanitaire a également entraîné des conséquences sur la sécurité alimentaire de certaines populations. Aux États-Unis et au Canada, le rapport indique que ce sont les populations afro-descendantes, autochtones et latino-américaines qui ont été le plus affectées par la crise sanitaire. Ces populations sont surreprésentées parmi les personnes hospitalisées et décédées à cause de la Covid-19. Plus de 20 % des familles afro-descendantes et latino-américaines disent manquer de nourriture, soit deux fois plus que les familles blanches. En Europe, on a observé une augmentation de l’aide alimentaire. La fermeture des écoles et des cantines scolaires a eu un fort impact pour les enfants issus de familles pauvres ayant droit à des repas scolaires gratuits. Les confinements ont également révélé la dépendance du secteur agricole européen à la main d’œuvre saisonnière migrante.
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la pandémie s’est ajoutée aux crises que traversent un certain nombre de pays : crise financière au Liban, crise humanitaire en Syrie, au Yémen… À Gaza, les périmètres agricoles ont été la cible de frappes militaires par l’armée israélienne.
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