Approvisionnement en bio-intrants
En Afrique de l’Ouest, de plus en plus d’entreprises commercialisent des intrants "bio". L’hypothèse est qu’il y a une demande et/ ou que le concept de « bio intrants » est commercialement porteur. L’achat de bio intrants par les paysans auprès de groupes privés n'est-il pas une piste à explorer ? La question a fait réagir le réseau Roppa-Pafao-Jafowa.
Dans quel contexte intervient le boom des bio intrants ?
- La demande est difficile à caractériser ...
Le problème d’accessibilité aux intrants, bio ou pas, est un constat préalable criant. Les pratiques durables le sont parfois par défaut.
- ... et elle se heurte aux fortes contraintes de l'intensification agroécologique
Le surcroît de travail est souvent difficile à rémunérer (insécurité foncière, conditions de mise en marché).
- Malgré cela, le potentiel commercial des bio intrants est jugé porteur par les acteurs publics comme privés
En effet, de grandes entreprises investissent ce segment de marché et démarchent les acteurs publics et privés en leur proposant des conventions de partenariat.
La co-existence entre autoproduction et achat fait l'unanimité
- Production in situ à encourager
Quand elle est possible (pas trop d’investissement ni de technicité, matières premières disponibles), l’autoproduction de bio intrants a l’avantage de préserver l’autonomie des paysans et d’être peu coûteuse
- Essor de bio intrants manufacturés...
Certains intrants nécessitent toutefois des procédés élaborés difficiles à réaliser au sein de l’exploitation. Des économies d’échelle sont requises pour un meilleur rapport qualité prix
- ... mais coût actuel trop élevé par rapport à la valorisation possible (hors export certifié)
Les paysans posent une question d’accessibilité financière et physique aux produits en l'absence de politiques publiques de soutien.
Quelle politique de soutien à la demande de bio intrants manufacturés ?
- Pourquoi le soutien via les firmes ne change pas la donne
Si l’essor des bio intrants manufacturés correspond à un simple « élargissement de gamme » des firmes agroindustrielles leur faisant gagner de nouveaux marchés, ils peuvent s’avérer dangereux car rien n’indique qu’ils permettent de mieux rémunérer les paysans ou de créer des emplois décents.
- Relocaliser la production de bio intrants via le soutien aux PME des territoires et aux paysans
Pour amorcer la transition écologique, il importe que les États qui subventionnent les intrants chimiques puissent progressivement s’orienter vers des bio intrants fabriqués localement pour qu’il y ait des retombées économiques et environnementales positives. Pourquoi ne pas plutôt dynamiser les territoires et faire profiter les communautés de cette nouvelle filière ? C’est potentiellement une source d’opportunité de cultiver des plantes qui soient nécessaires à la production de ces bio intrants. Soutenir les initiatives de production de bio intrants par les paysans localement et les initiatives de jeunes ruraux entrepreneurs représente un potentiel de création de richesses bien plus important.
Si les PME nationales sont encouragées par des mesures fiscales, d’accès au financement et aux appels d’offre publics, de facilitation des procédures d’homologation, etc. (Bioprotect, Autre Terre, Aced), non seulement les bio intrants pourraient s’adresser à des segments de marchés agricoles plus larges, mais ils seraient aussi véritablement écologiques et porteurs de développement économique.
Construire une demande forte de produits locaux agroécologiques
Pour rémunérer les paysans, plusieurs participants mentionnent un indispensable travail de fond : la construction d’une demande forte par le biais d’une sensibilisation accrue des consommateurs sur l’avantage d’une consommation de produits locaux sains sur leur santé et l’économie locale.
Retrouver la synthèse dans son intégralité
Références utiles :
- Recueil des contributions à la discussion#10, 2021
- 14 ans de formation d’animateurs endogènes en Agroécologie, Terre & Humanisme, 2020
- Recueil des pratiques agroécologiques éprouvées et mises en œuvre au Burkina Faso, Autre Terre, 2020
Produit Bioprotect © Gaëlle Kergraisse