Nourrir les villes par l'agriculture familiale en Afrique de l'Ouest - séminaire de capitalisation (janvier 2012)
Le programme "Promotion de l'agriculture familiale en Afrique de l'Ouest", porté par la Fondation de France et le CFSI, est plus qu'un simple outil de financement. L'un de ses principaux enjeux est le changement d'échelle que doit permettre l'ensemble des projets soutenus, notamment l'alimentation d'une démarche plus large de plaidoyer en faveur de l'agriculture familiale en Afrique de l'Ouest. Le programme recueille donc les connaissances acquises par les participants sur les conditions de réussite politiques et techniques de leurs projets. A travers cette action de capitalisation participative, le programme entend apporter des réponses à la thématique "nourrir les villes par la production familiale locale". Ce document rend compte de l'état des discussions lors du séminaire de Lomé en janvier 2012.
Introduction par Sébastien Bainville de Montpellier SupAgro
L'Afrique de l'Ouest a la chance d'avoir une agriculture essentiellement familiale. Ces exploitations ne dépendent pas structurellement d'une main d'œuvre salariée, ce qui présente plusieurs avantages : plus intensive en travail et plus productive, elles sont également régulatrices des marchés du travail et des denrées agricoles. L'orientation vers le marché national est importante pour permettre une meilleure régulation des prix. L'agriculture familiale ouest-africaine a besoin de politiques agricoles favorables. La politique foncière est fondamentale car les accaparements de terres cachent une substitution de l'agriculture familiale par l'agriculture capitaliste, avec une risque majeur de ne plus être en mesure de nourrir les villes.
Discussion autour des hypothèses de capitalisation
- Les marchés de niches améliorent les conditions de vie des agriculteurs familiaux et favorisent une meilleure alimentation des villes en quantité et en qualité
La discussion a fait ressortir la diversité des angles d'attaque des projets présentés, mais un point commun est ressorti : la volonté de rompre l'anonymat entre producteurs et consommateurs. Quelques modalités permettant d'allant plus loin ont été évoquées, en particulier l'information des consommateurs pour qu'ils prennent conscience des conditions de production, et la recherche agronomique et de marché pour que le producteur connaisse les opportunités réelles qui s'offrent à lui.
- L'amélioration de la transformation et du conditionnement offre de nouveaux débouchés, des meilleures rémunérations et diversifie l'offre adaptée à la demande urbaine. Les démarches de qualité apportent également des débouchés rémunérateurs
Il a semblé important de réfléchir pour la suite à l'idée que le gain de valeur ajoutée peut entraîner des coûts supplémentaires, en particulier le travail supplémentaire que la qualité impose aux agriculteurs. Il n'est pas évident que ce travail justifie de se lancer dans la transformation. C'est sur cette problématique des coûts que les OP ont sans doute un rôle à jouer et qu'il faut réfléchir à l'utilité de leur intervention (collectivisation des machines par exemple).
- La concertation entre acteurs favorise le développement de filières locales ou nationales
L'organisation des producteurs au sein d'OP, mais aussi l'intégration de ces OP dans les filières, ont été mises en avant comme éléments nécessaires au gain de valeur ajoutée : en amont, pour l'accès aux intrants, et en aval, pour la transformation et la commercialisation. Si les alliances entre producteurs et consommateurs sont nécessaires sur certains aspects, elles restent assez rares du fait notamment d'un problème de représentativité des organisations de consommateurs. Il a été rappelé qu'il est indispensable d'intégrer les pouvoirs publics dans la concertation. L'alliance avec des acteurs privés fait débat. Pour travailler avec des entreprises privées qui exercent des fonctions qui ne sont pas au coeur du métier des OP, il faut avoir une capacité à faire valoir ses intérêts et à comprendre ceux des autres.
La question du stockage est une bonne illustration de l'efficacité de ces alliances. Si l'Etat joue un rôle fondamental à travers la gestion de stocks alimentaires à l'échelle nationale, les entreprises privées, mais aussi les associations de consommateurs, ont été évoquées comme devant jouer un rôle dans le processus. Un focus a été fait sur le warrantage, système de crédit-stockage regroupant IMF, OP et organismes de stockage, avec un double objectif : la stabilisation et la rémunération.