Qui profite des acquisitions de terres à grande échelle au Sierra Leone ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Agrobusiness

Les acquisitions de terres à grande échelle au Sierra Leone ont accru la pauvreté de milliers de personnes. Oakland Institute et Action for Large scale Land Acquisition Transparency (ALLAT) dressent ces conclusions à partir de l’étude de trois investissements fonciers majeurs.

1,1 million d’hectares de terres ont été cédées depuis 2009 – un cinquième du pays – principalement à des entreprises agroindustrielles et étrangères. Depuis, les terres ont été converties à la production d’huile de palme et de canne à sucre pour agrocarburants.

Les acquisitions de terres étudiées représentent respectivement : 44 000 hectares pour la suisse Addax Bioenergy, près de 42 000 pour Sierra Leone Agriculture - détenue en partie par des capitaux du Luxembourg - et 6 500 pour Socfin Agricultural Company - également luxembourgeoise.

Les populations rurales sont composées majoritairement d'agriculteurs familiaux dont les systèmes de production, qui valorisent notamment la biodiversité locale, jouent un rôle important en termes de sécurité alimentaire et de conditions de vie des communautés. L'étude révèle que les investisseurs font disparaitre cette biodiversité pour convertir les terres à la monoculture industrielle.

Les conséquences sociales de l'accaparement sont négatives dans les trois zones étudiées et dénotent une aggravation du niveau de pauvreté : baisse du taux de scolarisation, diminution du nombre de repas quotidiens, hausse du nombre de grossesses précoces, tensions entre communautés, pour n’en citer que certaines. Concernant les cultures vivrières, l’étude montre que les programmes de compensation – lorsqu’ils existent - sont loin de remplacer la variété et la quantité de produits, productions et revenus que les exploitations familiales produisaient.

Joan Baxter, l’auteur du rapport, commente « les entreprises font des promesses grandioses d’emploi et de développement mais elles n’emploieront pas l’ensemble des personnes qui travaillaient dans l’agriculture vivrière ».

Le rapport dénonce les exonérations d’impôts offertes aux entreprises. Les cadeaux fiscaux faits à Addax et Socfin devraient couter 188,8 millions de dollars à l’Etat en dix ans.

Afin de rectifier la situation, le rapport établit des recommandations concrètes à destination de l'ensemble des acteurs, en se fondant sur les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers.

 

Pour plus d’informations :

Oakland Institute, David contre Goliath en Sierra Leone, 2012

Oakland Institute, Comprendre les investissements fonciers en Afrique : Rapport Sierra Leone, 2011

Gérard Chouquer, L’espace géographique et l’espace social dans le projet d’Addax en Sierra Leone, 2011

The Guardian, Sierra Leone’s smallholder farmers « worse off » after large land deals, 2013